samedi 20 octobre 2012
Jour sans faim
"Elle a l'air d'un trombone démantibulé, d'un cintre de pressing, d'une antenne télé après une tempête. Devant un petit crème, les internes se racontent les dernières blagues de la nuit. Elle regarde la mousse blanche sur leurs lèvres, elle les regarde rire. Les filles sont belles dans leur blouse immaculée, débordantes de santé et de certitudes. Comme elle voudrait être à leur placent être une autre. Pouvoir poser sa poitrine sur la table, entre ses bras croisés. Comme elle voudrait être désirable, elle aussi. Elle n'est qu'une épingle noyée dans ses vêtements, un ectoplasme, la tête plein de honte et d'angoisse. Une pauvre conte qui a foutu sa vie en l'air, c'est bien fait, transparente, minable, un vieil os pourri bouffé jusqu'à la moëlle." (Delphine de Vigan, p.42)
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