mercredi 15 mai 2013

Crions ensemble

"Tu es pressé d’écrire Comme si tu étais en retard sur la vie. S’il en est ainsi fais cortège à tes sources. Hâte-toi Hâte-toi de transmettre Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance. Effectivement tu es en retard sur la vie La vie inexprimable La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t’unir. Celle qui t’est refusée chaque jour par les êtres et par les choses Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés Au bout de combats sans merci. Hors d’elle tout n’est qu’agonie soumise fin grossière. Si tu rencontres la mort durant ton labeur Reçois-la comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride En t’inclinant. Si tu veux rire Offre ta soumission Jamais tes armes. Tu as été créé pour des moments peu communs. Modifie-toi, disparais sans regret Au gré de la rigueur suave. Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit Sans interruption Sans égarement. Essaime la poussière Nul ne décèlera votre union." René Char

mardi 14 mai 2013

Deux vies valent mieux qu'une

"Heureusement, les jardins de la Villa Borghese étaient ouverts, la canicule du mois d'août ne me décourageait pas. Je traversais deux ou trois rues peut-être, côté ombre, et me dirigeais vers le stand de Giuseppe, le loueur de vélos. Sa fille Matilde ne venait pas tous les week-end. Parfois, j'avais de la chance et j'apercevais Matilde sous la petite guérite. J'avais neuf ou dix ans, pas tellement plus que deux petits chiffres, Matilde onze. Nous effectuions à bicyclette des tours de jardin sans échanger le moindre mot. Nous partagions à l'heure des repas d'infâme sandwichs à la sardine que nous paraissions apprécier. Nous nous aimions sans doute. Les saisons calabraises allaient mettre fin à cette idylle très précoce. Une nuit à Saint-Joseph, j'ai retrouvé le goût âcre d'un pain à la sardine et je me suis surpris à rire tout seul. Ne l'avais-je pas enfin déterré, le plus beau moment de ma vie ?" Jean-Marc Roberts

lundi 6 mai 2013

1Q84

"Bien sûr, il y a des risques. Mais le risque, c'est ce qui épice la vie." (H. Murakami)