mardi 14 mai 2013
Deux vies valent mieux qu'une
"Heureusement, les jardins de la Villa Borghese étaient ouverts, la canicule du mois d'août ne me décourageait pas. Je traversais deux ou trois rues peut-être, côté ombre, et me dirigeais vers le stand de Giuseppe, le loueur de vélos.
Sa fille Matilde ne venait pas tous les week-end. Parfois, j'avais de la chance et j'apercevais Matilde sous la petite guérite. J'avais neuf ou dix ans, pas tellement plus que deux petits chiffres, Matilde onze. Nous effectuions à bicyclette des tours de jardin sans échanger le moindre mot. Nous partagions à l'heure des repas d'infâme sandwichs à la sardine que nous paraissions apprécier. Nous nous aimions sans doute. Les saisons calabraises allaient mettre fin à cette idylle très précoce.
Une nuit à Saint-Joseph, j'ai retrouvé le goût âcre d'un pain à la sardine et je me suis surpris à rire tout seul. Ne l'avais-je pas enfin déterré, le plus beau moment de ma vie ?"
Jean-Marc Roberts
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